Jul 012022
 

Mes presidents d’une Republique ont tous fait l’objet de biographies. Mais aucune n’accorde vraiment d’attention a leurs epouses. Or, dans le cas de Georges Pompidou, le couple fusionnel qu’il formait avec Claude, sa femme, empeche d’agir de la sorte. C’est en tout cas le parti pris de Henry Gidel dans son livre „Mes Pompidou“. Extraits (1/2)

Henry Gidel

Henry Gidel a deja publie de nombreuses biographies, traduites en quatorze langues, dont celle de Feydeau (Flammarion), Cocteau (Flammarion), Coco Channel (Flammarion) mais aussi Jackie Kennedy (Flammarion). Cela a recu en 1991 le Grand Prix international d’une critique litteraire pour l’ensemble de le oeuvre.

Cela en a assez, plus qu’assez, mais il lui faut continuer, ainsi, forcement avec le sourire. Neanmoins, le plus penible a ses yeux, votre ne sont gui?re les fatigues d’la campagne. C’est beaucoup autre chose… Pierre Mazeaud, magistrat mais egalement celebre alpiniste et vainqueur de l’Annapurna, se deniche a ses cotes dans sa voiture, aussi que durant la course a l’Elysee, il parcourt les Hauts-de- Seine.

Soudain, a sa grande surprise, il apercoit des larmes couler de ses yeux. Alors le futur president de la Republique lui saisissant le bras, lui devoile : « Ah ! mon petit Mazeaud, c’est vraiment trop dur, trop dur ! » et il continue a https://datingmentor.org/fr/sites-de-rencontre-chinois/ sangloter. Alors que Mazeaud s’imaginait que le candidat faisait bien seulement allusion a toutes les fatigues d’une campagne, il va i?tre vite detrompe : il apprend que des fonctionnaires des RG venaient de lui montrer d’odieux photomontages representant sa femme qu’il adorait dans des postures particulierement scabreuses.

Autre temoignage : a une telle epoque, dinant a Lille a l’hotel Royal, en tete a tete avec Maurice Schumann, il n’ouvre gui?re la bouche un seul instant, mais se leve continuellement, pour se rendre a Notre cabine telephonique. Apri?s, une fois devenu President, tenant a s’exprimer aupres de lui, il lui revele, tres emu : « C’etait le jour le plus triste ma life. Si j’habite alle telephoner plusieurs fois de suite, c’est parce que ma femme etait au bord du suicide. » Elle venait de recevoir des lettres anonymes truffees d’insultes ordurieres. On mesurera le desarroi de Pompidou au moment meme ou il avait tant besoin de sa volonte, lorsqu’on apprendra qu’il redigeait alors un petit texte ou il evoquait J’ai force de l’amour reciproque qui le liait a son epouse. C’est la si»rement qu’il puisait l’energie indispensable a son combat.

Voici ces lignes edifiantes tout recemment publiees : « Nous nous mariames. De ce jour nous n’avons cesse de nous aimer sans partage. Dans le monde parisien dont on sait ce qu’il reste, j’ai dit un jour a une jeune femme charmante et qui se plaignait legerement : “Ne dramatisez pas. Je ne connais a Paris qu’un bon menage et c’est le mien.” Dans une telle certitude, nous puisions l’un et l’autre une grande liberte d’allure exterieure, avec pudeur d’etaler nos sentiments. Mais le fond reste indestructible. C’est dire a quel point m’importe que son image ne puisse etre ternie. »

Manifestement ce propos, date de l’automne 1968, a ete redige peu de moment apres qu’eclate l’affaire Markovic.

Tout y est evoque dans la gravite de ce drame intime qui dechire des Pompidou. Car si l’affaire Markovic reste odieusement publique, la tragedie personnelle que vivent des Pompidou, reste a l’abri des regards. Les manifestations exterieures en seront rarissimes. Mais on devine, on conjecture, on deduit : quand Claude, pourquoi pas, dit sans ambages a toutes les journalistes sa profonde aversion concernant le monde politique, on va pouvoir, sans risquer de se tromper, imaginer que i§a devra engendrer plusieurs problemes dans un couple tel que le un. Mais on ne sait guere comment ils nos resolvent, voire s’ils parviennent a le Realiser.

Heureusement, Il semble des remedes susceptibles d’effectuer plus supporter pareille situation : l“™occasion veut bien que les epoux partagent quelque chose : en l’occurrence, c’est l’amour de un enfant, l’affection d’une famille ou regne une agreable entente, des amis communs choisis en dehors des milieux politiques, une tres vive passion Afin de les lettres et les arts. Helas, la violence, le temps et l’inlassable repetition des attaques sont venues a bout de Claude, d’ou l’angoisse permanente de son mari : dans l’etat ou elle se trouve, elle pourra d’un instant a l’autre passer a l’acte.

Mais quelle situation concernant le futur president d’la Republique ! Que doit-il Realiser ? Que peut-il faire ? Renoncer a sa candidature ? Ce pourrait etre d’une certaine facon reconnaitre le bien-fonde des rumeurs accusatrices. Cela en est d’autant moins question qu’il crois etre determine dans son action non via une vulgaire ambition personnelle mais par un authentique destin. Il va i?tre certain qu’il n’est gui?re absolument nullement libre, qu’il n’a gui?re La selection, que personne d’autre que lui ces jours-ci ne devra ni ne pourra remplir les fonctions presidentielles telles que les a voulues le general de Gaulle.

« Des 1962, confiera-t-il prochainement, oui, des mon arrivee a Matignon, j’ai su que je serais un jour president d’une Republique. » C’est pour lui un sort qu’il subit sans joie, d’ailleurs, etant donne qu’il ne repond jamais a une pure nature, celle d’un authentique epicurien. Et il sait bien que la politique ne le rendra pas heureux…

Extraits du livre „Mes Pompidou“ de Henry Gidel publie aux Editions Flammarion

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