Mrz 052022
 

Quelques outils numeriques permettent aux utilisateurs de sonder leurs affinites avec les candidats.

Le large succes rencontre par l’application Elyze temoigne d’un besoin de reperes politiques, en particulier chez des jeunes, mais souleve beaucoup de questions methodologiques.

L’application Elyze se presente tel un outil concernant inviter nos plus jeunes a participer a l’election presidentielle a venir.

NICOLAS PORTNOI/HANS LUCAS VIA REUTERS

Ces dernieres semaines, des applications d’aide au vote fleurissent sur la Toile avec une promesse : eclairer le choix des electeurs au maelstrom d’la campagne presidentielle. En rupture avec le caractere fastidieux des programmes politiques, ces outils ludiques s’offrent aux utilisateurs « comme un test de developpement personnel sur un magazine de plage », s’amuse le chercheur CNRS au Cevipof, Thierry Vedel.

Plusieurs boussoles technologiques qui ravivent l’interet Afin de la campagne, alors que quatre Francais sur dix ne semblent nullement certains d’aller voter en avril futur d’apres une etude d’une Fondation Jean-Jaures, publiee le 11 janvier.

Mais les algorithmes plus ou moins sophistiques qui determinent les preferences des individus pour tel candidat ou telle famille politique soulevent des questions methodologiques. « Des biais qui n’enlevent rien aux vertus democratiques des programmes », reprend Thierry Vedel, car « quel que soit le rendu du test, ceci provoque une conversation politique en famille ou entre amis ».

Elyze, l’application qui veut « reconcilier des jeunes avec le vote »

Depuis son lancement le 2 janvier, l’application Elyze s’est hissee en tete des plateformes de telechargement avec 500 000 utilisateurs en quelques jours. Un engouement de bon augure Afin de le fondateur Gregoire Cazcarra, qui ambitionne de « reconcilier les jeunes avec le vote ». Presentee comme « le Tinder d’une presidentielle » en raison de son interface qui reprend des codes de l’application de rencontre, « Elyze entend faire primer le fond concernant la forme », corrige son concepteur de 22 ans.

Mes propositions des candidats defilent via l’ecran des utilisateurs. Parmi elles, « interdire le port du voile a l’universite », « fixer l’age de depart a la retraite a 65 ans », « embaucher 100 000 nouvelles infirmieres ou infirmiers », ou bien « sortir du nucleaire ». Plusieurs mesures issues des ebauches de programme des candidats. L’utilisateur fait glisser vers la droite s’il approuve la mesure, par la gauche en cas de desaccord et aupres du bas s’il reste dubitatif.

Au fil des questions, l’algorithme affine sa selection et revele alors un classement des potentiels candidats pour lesquels l’utilisateur pourrait voter. Gregoire Cazcarra tient a l’usage du conditionnel, car « Elyze n’a gui?re vocation a apporter une consigne de vote mais simplement a faire triompher le debat de fond sur les polemiques steriles ».

Manque si simple de se tirer des braises d’la polemique. Elyze s’est attire les foudres de plusieurs candidats qui estimaient ne point etre suffisamment representes sur le podium de l’application. Ainsi, Jean-Luc Melenchon a soupconne l’algorithme de jouir a Emmanuel Macron apres qu’un internaute sur Twitter a releve que, en cas d’egalite, le president d’la Republique etait presente en tronche. « L’equipe d’Elyze travaille activement a corriger certaines anomalies a partir des retours constructifs », reconnait Gregoire Cazcarra qui precise que « l’application reste “apartisane” et independante ».

Plusieurs biais demeurent

En tout etat de cause, la fiabilite d’Elyze peut dependre etroitement du nombre de propositions traitees, et donc du temps qu’y consacrent nos utilisateurs. Le classement qui apparait apres avoir swippe une cinquantaine de propositions n’etant qu’une toute premiere approximation. Plusieurs biais consequents demeurent. Aucune hierarchisation des mesures n’est prevue : la legalisation de l’euthanasie et du suicide assiste reste mise via le meme plan que J’ai reconnaissance du vote blanc et Notre sortie de l’Union europeenne.

Or, comme le rappelle Thierry Vedel, professionnel des comportements electoraux au Cevipof, « plusieurs electeurs paraissent prets a faire de multiples concessions Afin de une mesure qui leur apparait une priorite, comme votre pantalon le cas pour Francois Hollande en 2012 avec le mariage pour nos couples homosexuels ».

Sur Elyze, le calcul du pourcentage d’adequation avec les mesures d’un candidat reste rudimentaire : un simple ratio entre des propositions acceptees et https://besthookupwebsites.org/fr/bookofmatches-review/ refusees. Plus largement, Thierry Vedel remet en cause « le postulat de l’electeur rationnel qui minore nos raisons emotionnelles ou les marqueurs identitaires qui conduisent a voter pour votre candidat ».

Vox Populi, l’indice des populismes du Cevipof

A l’approche du premier tour, nos politologues du Cevipof ont egalement devoile un outil comparatif. Le leur permet d’evaluer le degre de populisme des differents candidats a l’election presidentielle et offre l’occasion aux internautes de se situer via rapport a eux. Le responsable scientifique du programme, Thomas Vitiello, 1 pionnier en matiere de systeme d’aide au vote, decrit Vox Populi tel « une vue multidimensionnelle du paysage politique qui transcende le clivage traditionnel entre la droite et la gauche pour integrer l’opposition entre progressistes et conservateurs ».

Ici, le parti pris methodologique differe de celui retenu par les developpeurs d’Elyze. D’abord, l’algorithme se concentre concernant une trentaine de questions dites « clivantes », en cela qu’elles permettent de positionner les candidats sur votre nuancier « populiste ». Les enonces qui circulent sur Vox Populi relevent plus de conceptions de l’univers que de reelles mesures. Face a une assertion telle que « la mondialisation est une menace Afin de l’identite francaise » mais aussi « nos delinquants doivent etre punis plus severement », les utilisateurs ont 5 options possibles allant du bon accord au total desaccord.

Mais c’est surtout dans le visuel des resultats que Vox Populi se distingue, d’apri?s Thomas Vitiello, car « notre echelle du populisme n’est pas binaire mais englobe differentes composantes allant d’une defiance et des elites jugees corrompues au complotisme lie au Covid-19 en passant par la volonte d’une expression plus directe de la souverainete populaire ».

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